Si l’accès aux études supérieures est considéré comme un levier essentiel et déterminant de l’inclusion sociale, économique et professionelle des individus, de plus en plus d’étudiants se retrouvent en situation de grande précarité.
D'après l'Observatoire de la Vie Étudiante (OVE) en 2021, 38% des étudiants déclarent s'être restreints sur leurs dépenses alimentaires, 18% déclarent ne pas toujours manger à leur faim et 16% déclarent sauter des repas pour des raisons financières. Une situation qu’ANS constate au quotidien dans ses actions de distribution d’ordinateurs au contact des étudiants.
Pourquoi autant d’étudiants sont en situation de grande précarité ?
La précarité étudiante est un phénomène complexe résultant de facteurs multiples. En premier lieu la loi française dispose que les mineurs et jeunes majeurs de moins de 25 ans sont à la charge financière de leurs parents jusqu’à la fin de leurs études. Une loi éloignée d’une réalité plus complexe puisque :
- Certains parents n’ont pas les moyens de soutenir financièrement leur enfant lorsque celui-ci entreprend des études parfois longues et coûteuses. Cette situation est aggravée par la crise actuelle et la forte inflation ainsi que dans les situations de familles avec plusieurs enfants.
- Certains étudiants sont en rupture familiale et ne sont pas soutenus financièrement par leurs parents.
Comme les enfants et jeunes majeurs sont considérés par la société comme étant à la charge financière de leurs parents jusqu’à leur 25 ans ou la fin de leurs études, de nombreuses aides sociales leurs sont interdites. C’est notamment le cas du RSA dont on ne peut bénéficier qu’à partir de 25 ans.
En conséquence les étudiants sont souvent contraints de cumuler un emploi précaire avec leurs études pour subvenir à leurs besoins. Et si un emploi ne suffit pas ils peuvent être contraints de contracter un prêt étudiant accroissant ainsi la pression financière qu’ils subissent.
A cela s’ajoute le coût du logement devenu difficile alors que le prix de l’immobilier a fortement augmenté ces dernières années : entre début 1999 et fin 2018, les prix de l'immobilier ont progressé de 153% en France selon l'indice des notaires et de l'Insee, soit cinq fois plus que l'inflation !
Comment se payer un ordinateur alors que l’on n’a pas de quoi se payer à manger ?
C’est la difficile question posée à nos étudiants. Alors que la transformation numérique s’opère dans la société, les écoles et université exigent de plus en plus d’accès au numérique : accès à des ressources en ligne, soumission de devoirs électroniques, cours en ligne, utilisation de logiciels etc… Sans parler de la demande de bourse qui ne peut plus être réalisée au moyen d’un dossier papier (mais uniquement par voie électronique).
Avec un salaire qui sert en grande partie à payer le logement, les étudiants peinent à se payer à manger. Une étudiante témoigne auprès de nos bénévoles : “Je travaille à côté de mes études mais mon salaire est entièrement consacré à payer mon logement et un seul repas par jour. Acheter un ordinateur est donc complètement hors de portée pour moi”.
C’est dans ce sens qu’Action Numérique Solidaire continue à distribuer gratuitement des ordinateurs aux étudiants qui n’ont pas la possibilité d’en acheter par eux-même. ANS réalise ces distributions d’ordinateurs via ses différents partenaires (services sociaux, collectivités et associations du secteur social). Avec une action historiquement orientée vers les jeunes (écoliers, collégiens, lycéen et étudiants) ANS a fait de l’équipement informatique des étudiants en situation de grande précarité une priorité. Les ordinateurs portables collectés par ANS auprès des entreprises sont donnés en priorité aux étudiants en situation de précarité.
Au-delà de la question de l'équipement informatique il conviendrait que les politiques publiques prennent d'avantage en considération le problème de la précarité étudiante : quel est l'avenir d'une société qui néglige l'avenir de ses propres enfants ? Si l'ascenseur social français n'est pas réparé, les études seront de moins en moins accessibles aux classes sociales les moins favorisées de notre société.
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